Restructuration de Carrefour : intervention de Pierre Dharréville
Le groupe Carrefour a annoncé sa volonté de se séparer de 47 magasins dont 10 hypermarchés parmi lesquels celui de Carrefour Port-de-Bouc. Pierre Dharréville a rencontré les salarié.es en grève. A l’issue de leurs échanges, il est intervenu auprès du ministre de l’Économie.
Vous trouverez, ci dessous, son courrier :
Monsieur le ministre,Le groupe Carrefour vient d’annoncer sa volonté de se séparer sous deux mois de 47 magasins dont 10 hypermarchés, parmi lesquels celui de Port-de-Bouc, dans ma circonscription. C’est une décision inique face à laquelle le gouvernement ne saurait rester passif.Les salariés concernés ont appris cette décision par la presse. Une décision unilatérale qui n’a pour but que de satisfaire les appétits des actionnaires et de les faire payer par les salariés du groupe. Quels sont les attendus de cette orientation stratégiques ? Quels seront ses résultats ? Comment les choix ont-ils été effectués des magasins concernés ? Sur quels critères ? Où cela a-t-il été discuté ? Avec qui ce plan a-t-il été préparé ? Qui sont les repreneurs attendus par la direction du groupe carrefour ? Avec quels fonds vont-ils reprendre ? Dans quelles conditions sociales ? Avec quels objectifs ? Combien Carrefour compte-t-il y gagner ? Les questions s’accumulent, sans réponses. Les salariés que j’ai rencontrés sont inquiets, en colère, mobilisés. Ils n’entendent pas être ainsi méprisés, vendus, peut-être déclassés.L’entreprise Carrefour a touché de volumineuses aides publiques, elle a connu une année 2020 très profitable, elle a distribué des dividendes, elle a envoyé ses salariés au charbon au plus fort de la crise Covid… Elle a des comptes à rendre, des responsabilités à assumer. Et le minimum de transparence dans ce plan désastreux n’est pas au rendez-vous.Je ne vous demande pas si dans ce pays, les logiques financières sont protégées par la loi au nom de la liberté d’entreprendre et si ces manoeuvres de cessions sont couvertes par le secret des affaires. Je pose une question politique : peut-on rester impassible devant un tel comportement ? Peut-on accepter que ceux qui ont déjà profité de la crise s’affranchissent du minimum de décence qu’appelle la mobilisation de sortie de crise ? Peut-on laisser s’accélérer encore la financiarisation de l’organisation d’une entreprise sur laquelle repose une partie de la logistique qui nous permet de nous nourrir en cherchant à organiser son irresponsabilité en même temps qu’une nouvelle opération de dumping social ?Ces femmes et ces hommes, qui ont bravé l’inconnu et la dangerosité du virus dès les premières heures pour que nous puissions continuer à nous approvisionner, déjà si mal considérés dans leurs conditions de travail et de rémunération, méritent qu’on les défende et qu’on les protège.Le gouvernement doit donc mettre son nez dans les projets de Carrefour.Que comptez-vous faire, monsieur le ministre, à la suite de ces annonces ?