
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Marseille, le 16 avril 2025
Protéger le personnel pénitentiaire et ouvrir un débat public sur les conditions de détention
Depuis la nuit de lundi, des faits d’une particulière gravité interviennent aux abords des prisons et jusqu’aux domiciles du personnel pénitentiaire. Sans que nous ne connaissions les ressorts ou le mobile des délinquants, nous condamnons fermement toute forme de violence à l’encontre des personnels des établissements pénitentiaires et attendons, dans le respect de l’état de droit, les résultats des enquêtes en cours qui devront faire toute la lumière sur ces événements. Dans l’attente, la fédération du Parti communiste des Bouches-du-Rhône exprime son soutien aux agentes et agents pénitentiaires menacés et appelle à leur protection.
La situation des prisons d’Aix-Luynes et de Tarascon comme les autres du département sont la manifestation d’un modèle carcéral saturé, indigne et dangereux.
La prison d’Aix-Luynes accueille actuellement 2 063 détenus pour 1 420 places, alors qu’il manque une soixantaine de surveillants sur un total théorique de 487. Surpopulation et défaut d’encadrement constituent le contexte de la mort d’un jeune homme en février dernier frappé à mort dans une promenade non surveillée faute de personnel.
Le durcissement des conditions de détention pousse à des formes d’action de plus en plus violentes à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons. Réduits au silence, condamnés à subir, les détenu.es des prisons des Bouches-du-Rhône ont tenté d’alerter avec leurs moyens à disposition, la violence, comme en témoigne un départ de feu coordonné au mois d’août 2024.
Comme le rappelait en début d’année l’observatoire international des prisons « cinq ans jour pour jour après l’arrêt historique de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) condamnant la France pour traitements inhumains et dégradants en prison, la situation carcérale continue de se détériorer. » Les mesures annoncées, telles que la construction de nouvelles places de prison, ne s’attaquent pas aux causes profondes du problème d’un système qui, plutôt que de favoriser les peines alternatives et l’investissement dans la formation et la réinsertion des détenus, préfère emprisonner massivement sans avoir les moyens humains et matériels de le faire correctement.
Les propositions pour limiter la surpopulation carcérale et la violence qui en découle sont de différentes natures : recrutements massifs de personnels pénitentiaires ; une politique de réinsertion ambitieuse, garantissant l’accès à l’éducation, à la santé et à la formation pour les personnes incarcérées ; mise en place en urgence d’un mécanisme international indépendant de régulation de l’incarcération et des conditions de détention ; développement des alternatives à l’incarcération ; limitation de la détention provisoire aux infractions ; désencombrement réel des tribunaux correctionnels ; suppression des courtes peines immédiates…
Les faits de violence subis par le personnel pénitentiaire en ce premier ligne de particulièrement exposé, nous obligent à tenter toutes les ouvertures pour des conditions de travail et de détention significativement améliorées.