Orpéa : audition de M. Philippe Charrier, PDG du groupe par Pierre Dharréville
La commission des affaires sociales auditionne, en ce moment, la direction du groupe Orpéa.
Pierre Dharréville a interrogé M. Philippe Charrier, Pdg du groupe Orpéa. Voici le contenu de son intervention :
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Monsieur le Président,
Je ne suis même pas surpris. Vous êtes comme le lapin pris dans les phares, mais on est dans un film : vous comme le gouvernement prenez l’air un peu étonné. Il y a un problème structurel plus large sur la question de l’autonomie et des Ehpad. Vous n’êtes ici, effectivement, que le représentant d’un système que personne ne peut méconnaître,-vous êtes à but lucratif, il s’agit de faire un maximum de profits et vous en étiez le garant comme président du CA-, c’est le capitalisme. Et je dois reconnaître que vous avez poussé la machine à fond.
C’est un peu indécent de vous entendre vous revendiquer, parler au nom des salariés, ce que vous avez dit tout à l’heure, et en même temps leur mettre la faute sur le dos en disant « ce sont des erreurs humaines et nous, nous n’y sommes pour rien ».
Le 26 décembre 2017, je déposais une question écrite donc publique après une rencontre avec les personnels d’un établissement de votre groupe dans ma circonscription.
Les femmes que j’avais rencontrées faisaient état de leur grande fatigue morale, du caractère insupportable de leurs conditions de travail et des conséquences des choix de gestion sur les résidents.
Vous y faisiez des économies sur tout.
Sur le personnel, précarisé et maltraité : deux personnes seulement pour 80 résidents la nuit dont aucune infirmière ; une auxiliaire de vie pour faire le ménage dans 33 chambres après avoir assuré le petit déjeuner.
Sur les prestations : des draps souillés simplement retournés, « des repas qui font honte », je reprends leurs mots.
Sur le matériel : des couverts en plastique, plus de lessive, et je ne parle même pas des protections face au covid.
Ce qui nous remonte, c’est une grande capacité à aller chercher les aides publiques mais une faible diligence à les utiliser à ce pour quoi elles sont faites.
Et donc, moi je veux témoigner de la considération que j’ai envers tous les salariés qui agissent au quotidien auprès des résidents.
Mais il est établi que vous, vous faites commerce de l’autonomie, pour dire les choses élégamment mais on pourrait parler autrement et dire que vous faites commerce de la maltraitance institutionnelle. Vous alimentez donc une machine financière, comme en témoignent les jeux d’actionnaires auxquels se livrent les dirigeants de votre entreprise.
J’ai donc quatre questions.
La première est de savoir qu’est-ce qui n’est pas dans le livre que nous avons lu et que nous ne savons pas encore.
La deuxième est de savoir comment vous avez pu si longtemps échapper aux contrôles, aux règles et aux injonctions. En tant qu’expert, vous pourrez peut-être nous aider à améliorer l’action publique ?
Ma troisième : comment allez-vous rendre des comptes et même rendre l’argent aux résidents, aux personnels par des mesures immédiates
Et ma quatrième : Sachant que vous ne pourrez pas supprimer le versement des juteux dividendes de sa place d’objectif prioritaire, comment voyez-vous l’avenir de votre entreprise et de votre secteur ?