La Ciotat – L’Eden: des choix culturels ou politiques?
Nous avons appris avec consternation et inquiétude l’éviction du cinéaste Frank Cassenti de la présidence du jury du festival cinématographique « Les Rimbaud du cinéma » que son responsable Manuel Sanchez proposait d’organiser à l’Eden à l’automne 2021.
Auteur reconnu de films et de documentaires, président du festival « Jazz à Porquerolles », Frank Cassenti est un infatigable homme de culture depuis des décennies, porté par la volonté de faire partager les œuvres artistiques au plus grand nombre.
Aujourd’hui, nous ne comprenons pas cette véritable décision de censure émanant du président de l’association « Lumière de l’Eden », Michel Cornille, à qui le Conseil municipal vient de renouveler la délégation de service public.
A-t-il sciemment occulté les véritables raisons de son refus au Conseil d’Administration des Lumières de l’Eden ? Reproche-t-il à Frank Cassenti d’avoir été le président du comité de soutien de notre liste de rassemblement de la gauche et des écologistes « Plus que jamais, La Ciotat nous rassemble aux dernières municipales ?
Nous sommes fiers d’avoir pu compter sur le soutien, les idées et l’envie de Frank Cassenti d’irriguer le débat politique des enjeux culturels. A l’heure où les citoyens boudent les urnes, chacun devrait se réjouir de voir des militants associatifs, des acteurs culturels investir le champ politique pour participer à changer la société. Plutôt que de les censurer.
Dans la Marseillaise du 26 mars dernier, Jean-Louis Tixier, adjoint au maire délégué à l’Education et au Cinéma, qualifiait sans hésiter Frank Cassenti de « porte-parole culturel d’une liste municipale qui, fait du passage en régie de l’Eden une question de principe et idéologique. Ill faut l’assumer ». On connaît l’absence de réelle politique culturelle à La Ciotat. Aujourd’hui, on ne peut être qu’indignés des raisons invoquées. Certes la culture est politique mais pas elle ne doit pas être politicienne !
Les « Rimbaud du cinéma » est un festival clef en mains, soutenu par Emir Kusturica et qui s’apprêtait à remettre un Rimbaud d’honneur à Costa-Gavras, des réalisateurs prestigieux internationalement. Ce devait combler les amateurs de cinéma !
La gestion d’un équipement public, financé par tous les contribuables, quelle que soit leur opinion politique, impose des responsabilités dont, la première d’entre elle, de proposer des choix culturels exigeants et non partisans. Cette décision est une grave remise en cause du service public et de l’accès à la culture pour tous.
La censure politique dont sont victimes Frank Cassenti, les organisateurs du festival « Les Rimbaud du Cinéma », et l’ensemble des citoyens est désastreuse pour l’image de notre ville, une fois de plus.
Enfin, contrairement à ce que M. Tixier tente de faire croire dans la presse, si nos quatre élu(e)s se sont abstenus au Conseil municipal du 19 octobre 2020 lors du vote du lancement de la Délégation de Services Publics pour l’exploitation du Cinéma Eden Théâtre (en mettant en garde sur le choix d’un gestionnaire privé à l’instar du théâtre de la Chaudronnerie, ils ont voté POUR l’attribution de cette délégation à l’association « Les Lumières de L’Eden », lors du Conseil municipal du 08 mars dernier. Le
président Michel Cornille s’est d’ailleurs félicité d’un vote à l’unanimité dans La Marseillaise du vendredi 26 Mars.
Face à cette situation, nous sommes plus qu’attristés. Nous sommes inquiets pour l’avenir de notre cité. Nous renouvelons tout notre soutien à Frank Cassenti, qui œuvre pour une culture partagée, solidaire, qui vise à l’émancipation. Nous regrettons également la non-venue du festival « les Rimbaud du Cinéma » engagé comme tant d’autres dans l’affirmation que la culture est un besoin essentiel.
Karim GHENDOUF, Mariann CHRETIEN
Conseillers municipaux de La Ciotat