Débat : La pauvreté des enfants, une fatalité ?

16/12/19 | PCF 13

A l’occasion du 30ème anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), la Fédération a décidé d’organiser une rencontre publique en invitant des acteurs de terrain. 

Avec Gaelle Salado (Copains du Monde), Bernard Eynaud (LDH), Nicole Beaumier (ATD Quart-Monde) et Gilles Aspinas (Educateur spécialisé), nous avons tenté de démêler quelles sont les causes et les conséquences de la pauvreté des enfants et quelles sont les actions à mener pour que les enfants aient un réel accès à tous leurs droits.

Dans son préambule, la CIDE réaffirme le fait que les enfants ont besoin d’une protection et d’une attention particulière en raison de leur vulnérabilité. En ratifiant cette convention les états s’engagent à placer l’intérêt supérieur de l’enfant au cœur de toutes les décisions qui le concerne.

Ce texte a permis de réelles avancées en faveur des enfants dans le monde. Pour autant le constat aujourd’hui est préoccupant. La misère, la pauvreté s’étendent et les crises aggravent la situation.

En France, l’INSEE livre un constat alarmant dans sa dernière étude sur la pauvreté et les inégalités. En 2018, 9,3 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté dont 3 millions d’enfants, soit 1 sur 5. Premières victimes de cette pauvreté, les enfants connaissent l’angoisse du lendemain qui tenaille leurs parents et portent de lourdes charges. Le premier droit dont ils sont privés c’est le droit d’être un enfant

Dans le débat on a pu constater qu’à Marseille, la situation n’est pas meilleure : 25% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, dans le 3ème arrondissement, le plus pauvre de France c’est 50%. Plusieurs personnes ont témoigné de l’état de délabrement avancé des écoles, certaines sans chauffage ou sans eau potable au robinet, de l’hôpital pour enfants de la Timone, l’insalubrité des logements.

Le système de protection de l’enfance ne joue pas pleinement son rôle. Avant, un enfant à la rue c’était exceptionnel et sa situation était traitée rapidement. En 2018, 566 personnes sont mortes à la rue, dont 13 étaient des mineurs, ça ne fait plus la une des journaux.

A l’origine, l’ordonnance de 1945, relative à l’enfance délinquante, donnait la primauté de l’éducatif sur le système répressif. Depuis les années 80, Les seules réflexions qui sont menées portent sur les procédures pénales, on reste sur le tout carcéral, alors que la délinquance baisse.

Dire que la responsabilité repose sur les familles, c’est oublier que c’est toute une société qui éduque les enfants. L’enfant n’est pas responsable de la situation dans laquelle il est. Ce qu’il faut rechercher ce n’est pas un coupable mais des solutions.

A Marseille, depuis le 5 novembre 2018, on trouve une nouvelle catégorie d’enfants en danger qui sont dans des situations extrêmes. Ils subissent les évacuations brutales, ils vont d’hôtel en hôtel, … Leur situation est très préoccupante, il y a urgence à s’en occuper.

Il faut des services publics nombreux, accessibles à tous, de proximité, avec des moyens humains. Là où ils existent, ils agissent, on a pu le voir lors du drame de la rue d’Aubagne mais du coup ils ont fait aussi la démonstration de leur insuffisance.

Les enfants sont des citoyens à part entière. On doit leur permettre d’agir et d’accéder à tous leurs droits.

Le premier objectif doit être : AUCUN ENFANT NE DORT DEHORS.

Le programme des candidats aux élections municipales devra tenir compte de cette urgence.

Des moyens existent au regard des nombreux travaux sont engagés dans la ville de Marseille pour « améliorer le cadre de vie », c’est une question de priorité.

Il faut l’engagement de chacun individuellement ou avec une association pour peser pour que d’autres choix soient faits. La solidarité est bien réelle et la lutte est émancipatrice. Par contre on ne changera pas la société sans les personnes concernées. Il est indispensable de leur donner la parole et leur permettre d’agir pour leurs droits. Y compris les enfants, qui dès le plus jeune âge sont capables d’agir pour peu qu’on leur donne les outils qui leur permettront de développer leur esprit critique.

Isabelle PASQUET – Responsable du secteur éducation PCF 13

Valérie DIAMANTI – Responsable du collectif discrimination PCF 13

Partager l'article

Aller au contenu principal