Courrier au Maire de Marseille de Jean-Marc Coppola & Valérie Diamanti

1/03/19 | A la une, Élu·e·s, Élu·e·s Municipaux

Monsieur le Maire,

Par la présente, nous nous permettons de vous solliciter afin de vous soumettre deux propositions de dénomination de rue et dont l’une est récurrente depuis des années.

Nous réitérons donc notre démarche concernant la dénomination du Chemin des Aygalades (15e) au nom d’Ibrahim ALI et nous souhaitons que la future médiathèque, espace culturel qui doit voit le jour au Plan d’Aou, en 2020, soit inaugurée sous le nom de Salim HATUBOU.

Acter ces dénominations seraient un hommage fort rendu par la Ville à ces deux Marseillais, d’origine comorienne, aujourd’hui disparus.

Le souvenir du jeune Ibrahim ALI, assassiné aux 4 Chemins des Aygalades, le 21 février 1995 par des militants du Front National, ne doit pas s’étioler avec le temps.

Justement, souvenez-vous, Ibrahim revenait d’une répétition au Centre Culturel de Ruisseau Mirabeau avec ses amis du groupe de musique B Vice. Plein de joie, la vie devant lui, porté par l’insouciance de la jeunesse, ce jeune marseillais de 17 ans, d’origine comorienne, a eu le malheur de croiser la route de colleurs d’affiches du Front National.

Ces hommes la tête pleine de l’idéologie de l’extrême droite ou la haine se dispute avec l’imbécillité et le rejet de l’autre, de celui qui est français mais différent par la couleur de sa peau, sa religion, sa double culture, n’ont pas hésité à tirer dans le dos, preuve d’une
lâcheté sans borne.

Aujourd’hui c’est sous le nom du Rassemblement National, que cette idéologie continue de contaminer les consciences dans notre pays. Anti-immigrés, anti-communistes, anti-jeunes, vont de pair avec une opposition farouche au progrès social.
La vie d’Ibrahim Ali est une vie de trop, prise par cette idéologie mortifère, il ne doit plus y en avoir d’autres. Marseille doit se souvenir de ce qui c’est passé cette soirée du 21 février 1995, elle ne peut oublier le prix payé par un jeune français dont la couleur de peau était différente.

Pour ne jamais oublier, c’est au 4 chemins des Aygalades que cette Hommage devrait lui être rendu en dénommant cette espace du nom d’Ibrahim Ali.

En ce qui concerne Salim HATUBOU, né le 20 juin 1972 à Hahaya, en Grande-Comores, il est décédé le 31 mars 2015 à Marseille et c’est en sa qualité d’écrivain et conteur franco-comorien que nous proposons son nom pour la médiathèque du Plan d’Aou.

A la maison, sous l’influence de sa mère, les livres sont omniprésents à une époque où il est pourtant si rare d’en posséder et où la lecture est loin de figurer parmi les préoccupations de chacun.

A des kilomètres de brousse, c’est sa grand-mère maternelle qui est à la tête des veillées contes du village de Milépvani. Par sa verve et son verbe, elle ensorcelle ceux qui l’écoutent, à commencer par Salim, qui demeure à jamais profondément influencé par cette vieille
femme, porteuse d’un incommensurable héritage culturel.

Au regard de tout ce que nous vous avons présenté en termes d’hommage du Souvenir et celui de la reconnaissance Culturel, nous vous demandons, de faire étudier ces deux requêtes par la Commission de dénomination des rues afin qu’un avis favorable soit enfin
accordé à la famille d’Ibrahim ALI ainsi que pour Salim HATUBOU.

Nous vous remercions pour l’attention que vous aurez bien voulu accorder à ces requêtes ainsi que du soutien que vous pourrez leur apporter.

Restant à votre disposition,
Veuillez croire, Monsieur le Maire, en l’expression de notre sincère considération.

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