Hommage à Julien Laupretre
Jérémy Bacchi
Secrétaire départemental PCF 13
Nous le pensions indestructible, protégé par son humanisme exemplaire, son altruisme à l’égard de tous « les damnés de la terre », sa bienveillance émouvante, sa générosité au quotidien, son dévouement sans limite. A l’âge de 93 ans, au terme d’une vie d’exception, Julien Laupretre est parti mais il ne nous a pas quittés. Son empreinte et la voie qu’il a tracées resteront pour toujours l’horizon de toutes les femmes et de tous les hommes rêvant et agissant pour plus de justice, de solidarité et de fraternité.
En apprenant ce matin cette si injuste disparition, j’ai éprouvé des sentiments partagés. Tout d’abord, une très profonde tristesse face à la perte de l’homme incomparable, du militant qui a « réinventé » le Secours populaire, du camarade communiste pour qui j’éprouvais une admiration absolue et qui n’incarnera plus cette conception du monde qui est aussi la mienne. Mais à côté de cette peine douloureuse qui touche tous les communistes des Bouches-du-Rhone, j’ai ressenti aussi du respect et de la fierté.
Respect pour l’œuvre accompli au service de tous par Julien. Issu d’une famille parisienne modeste et militante, miroitier de profession, il s’engage à 16 ans dans la résistance au sein des Jeunesses communistes. Arrêté, il fera la rencontre de Manouchian. Le chef du groupe de l’Affiche rouge lui dira: « Moi je suis foutu, je vais être fusillé, mais toi il faut que tu fasses quelque chose d’utile et que tu rendes la société moins injuste… ». Une perspective dont il ne déviera jamais.
Puis viendra, à partir de 1954, la si belle aventure humaine vécue au cœur du Secours populaire qu’il a conduite jusqu’à ses derniers jours. L’association humanitaire existait déjà, mais Julien va la « révolutionner », la modeler pour la rendre plus juste, plus solidaire, plus proche des populations en souffrance, notamment les enfants, plus rassembleuse, plus autonome. Plus indispensable. « J’ai développé l’idée qu’il fallait peser sur les conséquences des drames, quelle que soit l’opinion des gens sur les causes de ces drame » aimait-t-il rappeler.
Tristesse, respect mais aussi fierté. Celle de partager avec un homme d’une pareille dimension le même idéal communiste. Celui de la mise en commun, du partage, d’une conception fraternelle des relations humaines. Jamais, depuis ses premiers engagements, il n’a renoncé à cet idéal.
Peut-être que Julien n’apprécierait pas, tant sa modestie était grande. Mais je le considère comme un « héros » de notre temps. Dans cette époque où l’individualisme est flatté, l’égoïsme revendiqué, la course au fric et aux places encouragée, il a tracé, avec beaucoup d’autres, un tout autre chemin. Le seul qui peut permettre à l’humanité de construire des « lendemains qui chantent ».